Linus Torvalds – interview (mais pas par moi)

Une interview de Linus parmis tant d’autre sans doute mais dans l’humeur du jour je voulais vous en faire part. Sa conception de l’informatique me plait.

Preston : Depuis un certain temps, votre vie est dédiée au noyau Linux. Si vous n’en étiez plus le mainteneur, quelle sorte de projet souhaiteriez-vous commencer (jeux, applications, autre noyau, outils de développement, etc) ?

Linus Torvalds : J’aime être proche du matériel, et faire de beaux graphismes (comme dans les jeux ou les interfaces graphiques) n’est pas mon point fort ; je travaillerais donc probablement sur des outils de développement, ou quelque chose de similaire. En fait, le seul projet sur lequel j’ai réellement passé du temps l’année dernière (excepté le noyau, bien sûr) a été ce logiciel de vérification des sources qui effectue de la vérification de type étendue pour le noyau. Donc, plutôt un outil de développement.

Preston : Quel est votre langage de programmation interprété préféré, et pourquoi ?

Linus Torvalds : Éh. Je ne touche pas beaucoup aux interpréteurs. Le seul que j’ai fini par utiliser consciemment (c’est à dire ne faisant pas partie des scripts de quelqu’un d’autre) est en fait le shell. Ce n’est pas que je n’aime pas les langages comme perl et python, mais juste que j’ai tendance soit à écrire en C, soit à faire des choses *si* simples que le shell me convient largement. Je dois admettre que j’ai un léger faible pour le Basic, mais ça fait près de 20 ans que je n’en ai pas fait. Mais c’est avec cela que j’ai commencé, donc ce sera toujours un peu spécial 😉

Preston : Quels conseils donneriez-vous aux personnes se lançant dans un grand projet open source ? Qu’avez-vous appris en gérant le noyau Linux ?

Linus Torvalds : Personne ne devrait se lancer dans un “grand projet”. Vous commencez avec un petit projet, trivial, et vous ne devriez pas vous attendre à ce qu’il prenne de l’ampleur. Si c’est le cas, vous verrez trop grand, et penserez que votre projet est plus grand qu’il ne l’est réellement. Ou pire, vous pourriez être effrayé par tout le travail qui vous attend. Donc, commencez petit, et pensez aux détails. N’ayez pas une vision globale. Si cela ne résoud pas les besoins immédiats, vous avez certainement poussé la conception trop loin.Et ne vous attendez pas à ce que les gens viennent spontanément vous aider. Ce n’est pas comme ça que ça marche. Vous avez besoin dans un premier temps de quelque chose de semi-fonctionnel, et alors les autres vont dire “eh, ça marche *presque* chez moi”, et s’impliqueront dans le projet. Et s’il y a bien une chose que j’ai apprise de Linux, c’est que les projets ont leur propre vie, et qu’il ne faut pas essayer de leur imposer votre vision trop fortement. La plupart du temps, c’est que vous faites fausse route, et si vous n’êtes pas souple et prêt à entendre l’avis des autres (et à changer de cap s’il s’avère que que votre vision du projet n’était pas viable), vous n’obtiendrez jamais rien de bon. En d’autres mots, soyez disposé à admettre vos erreurs, et ne comptez pas obtenir un résultat énorme en peu de temps. Cela fait 13 ans que je travaille sur Linux, et je m’attends à continuer un certain temps encore. Si je m’étais attendu à ce que Linux prenne ces proportions, je n’aurais jamais commencé. Il a démarré petit et insignifiant, et c’est comme ça que je l’avais conçu.

Preston : Du point de vue d’un utilisateur, quels avantages voyez-vous à Linux par rapport à Hurd ?
[ … ]

Preston : Quand pensez-vous que Linux prendra des parts de marché à Microsoft, sur le domaine du bureau ?

Linus Torvalds : Oh, je pense que cela a déjà commencé, c’est juste lent. Vous ne réalisez pas à quel point c’est lent, sauf si vous avez suivi la progression de Linux ces dix dernières années. Les gens semblent s’attendre à ce qu’il soit soudainement “assez bon”, et décolle comme une fusée, mais ce n’est pas comme cela que ça marche. Linux devient petit à petit meilleur, et les gens se tournent vers lui petit à petit. Si je regarde les dix années écoulées, et que je pense à ce que Linux était alors, je ris un peu sous cape. Le bureau d’aujourd’hui est légèrement meilleur qu’il ne l’était il y a un an, mais vous ne voyez pas *réellement* la différence sauf si vous revenez encore beaucoup en arrière.

Preston : Comment vous paraît votre nouveau travail à OSDL, en tant que contributeur à plein de temps de Linux ?

Linus Torvalds : Ça marche pas mal. Je travaille chez moi, et OSDL fournit les infrastructures nécessaires à ce que je développe sans avoir à me soucier de détails. Juste comme je l’aime 😉

Preston : Quel est le dernier fait en date dans le développement du noyau ?

Linus Torvalds : Oh, toujours plus ou moins la même chose. Se préoccuper des pilotes, modifier les interfaces pour rendre plus difficile de coder des bugs par erreur, et se tenir à jour sur le nouveau matériel et les nouvelles idées. Le noyau est définitivement en voie de maturité, en ce sens qu’un tas des nouvelles choses *vraiment* excitantes sont dans l’espace utilisateur, et que le noyau est parfois juste appelé à rendre plus facile leur utilisation …

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